Textes écrits le long des contours de Gunnera
« La beauté même des choses disparaîtrait si disparaissait l’ordre qui les distingue inégales. »
C.G., III,71
« C’est toujours en ordre que le multiple sort de l’un… l’unité est la forme de toute beauté. »
St-Thomas d’Aquin
« Des couleurs à entendre, des sons à voir, le vide à toucher des coudes, le goût de l’espace sur la langue, le parfum des dimensions. »
Marcel Breuer
« Qui veut se souvenir doit se confier à l’oubli, à ce risque qu’est l’oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir. »
Maurice Blanchot
« La ramification ne fait que coordonner tout un ensemble de tracés, avec lesquels a fait son apparition la ligne…
Que l’homme marche, que l’homme pense, ou même qu’il perçoive simplement : il relie. »
René Huyghes
« Branches, textile, tissu, écriture, feuille. Mémoire.
Les feuilles se soudent en vieillissant. La mémoire est comme un millefeuille, les choses parviennent à se conjuguer dans le temps. »
Émeline Garet
« Un grand arbre dont le tronc est caverneux et couvert de mousse, nous donne le sentiment de l’infini du temps… »
Bernardin de St-Pierre
« Ce n’est pas la seule présence de la ligne qui définit le style linéaire, c’est l’énergie de son expression et la puissance avec laquelle
ces lignes obligent l’œil à les suivre. »
K.Wölfflin, Principes fondamentaux de l’art
« Il n’y a pas d’autre mouvement en eux que l’extension. Aucun geste, aucune pensée, peut-être aucun désir, aucune intention,
qui n’aboutisse à une irrémédiable excroissance. »
Francis Ponge, Faune et Flore
« Oisifs, ils passent leur temps à compliquer leur propre forme, à parfaire dans le sens de la plus grande complication d’analyse leur propre corps. Cette modification de la sempiternelle feuille signifie certainement quelque chose. »
Francis Ponge, Faune et Flore
« Le temps des végétaux : ils semblent toujours figés, immobiles. On tourne le dos pendant quelques jours, une semaine,
leur pose s’est encore précisée, leurs membres multipliés. Leur identité ne fait pas de doute, mais leur forme s’est de mieux en mieux réalisée. »
Francis Ponge, Faune et Flore
« Le temps des végétaux se résout à leur espace, à l’espace qu’ils occupent peu à peu, remplissant
un canevas sans doute à jamais déterminé. Lorsque c’est fini, alors la lassitude les prend, et c’est le drame d’une certaine saison. »
Francis Ponge, Faune et Flore
« Et vous parlez de mystères ! Pensez donc à notre vie dans la nature – le spectacle quotidien de la matière, le contact avec elle –
les rochers, les arbres, le vent sur notre joue ! La terre ‘ferme’ ! Le ‘vrai’ monde ! Qui sommes-nous ? ‘Où’ sommes-nous ? »
Thoreau
C’est près de l’eau et de ses fleurs que j’ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses
par l’intermédiaire d’un rêveur »
Gaston Bachelard, L’eau et les rêves
« Les caresses sont aussi nécessaires à la vie des sentiments que les feuilles le sont aux arbres. Sans elles, l'amour meurt par la racine. »
Nathaniel Hawthorne, Contes
« Vivre dans le grand arbre, sous l’énorme feuillée, c’est, pour l’imagination, toujours être un oiseau. »
Gaston Bachelard, L’air et les songes
« Voyager ce n’est pas regarder mais entrer dans un corps à corps violent avec le pays exploré. Non une collection d’images mais l’épreuve
d’un corps. Voir, toucher sont alors indissociables. »
Chantal Thomas
« Ce qui m’est nécessaire aujourd’hui n’est pas de parcourir le monde mais de savoir ouvrir l’œil. Même en restant ici, dans ma chambre,
pour voir le dessin d’un tissu ou la courbe d’un meuble. Regarder, c’est être vivant (…), sentir détermine comment vous percevez la réalité.
Il n’y a de vrai que la manière dont on ressent les choses. »
Henri Michaux